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De Namsos à Lovund

26-04-2017 18:01

Aline Guignard

Voyage inachevé 2017,

De Namsos à Lovund

Je dois avouer que ma propre motivation à pédaler plein nord n'a pas été insensible à ses rudesses. Les températures restent...

Norvège

Il n'est pas bien difficile d'imaginer pourquoi nous sommes parmi les premiers cyclo-voyageurs de l'année à parcourir la route des fjords. La météo peut-être ? Je dois avouer que ma propre motivation à pédaler plein nord n'a pas été insensible à ses rudesses. Les températures restent fraîches. Si nous avons pu nous y accoutumer en partie, les précipitations de neige, pluie, grêle, sont plus difficiles à gérer lorsqu'elles perdurent sur plusieurs jours. De forts vents se sont joints à la partie ; un panneau de signalisation routière indiquait à Sandnessjøen un vent à 14m\s. Ceci nous contraint à devoir trouver des emplacements de bivouac protégés si l'on ne veut pas endommager notre tente. Les précipitations amènent quant à elles une gestion stratégique de l'intérieur de la tente, le but étant d’introduire le moins d’humidité possible dans l’habitacle. Nous utilisons les SpanSet de nos porte-bagages pour construire un sèche-linge dans l’abside et y suspendre nos habits détrempés.

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Toutefois, nous avons pu profiter de jours cléments qui nous confirment que oui, le printemps reviendra. Nous voyons les premiers bourgeons sur les arbustes de l’île de Leka, celle de Vega nous présente notre premier moustique et Olivier commence à rechercher de l'ombre pour les pic-nic. Toutefois, cela reste relatif, puisqu'à Oslo cela faisait 35 ans qu'ils n’avaient pas eu autant de neige à cette époque de l'année et que vers Narvik, des routes ont dû être fermées en raison de «winter storm».

 

Comme Olivier le relève très justement, on ne peut pas tout avoir. Et si l'on doit gérer un climat parfois hostile, c'est aussi grâce à celui-ci que les paysages sont si spectaculaires. Les montagnes qui nous entourent, celles qui surgissent de la mer, celles qui plongent abruptement dans l’eau, seraient tout autre sans la neige qui les recouvre. Et puis, sans les averses, nous ne connaîtrions pas le goût des soupers calfeutrés dans la tente, la saveur des tartines où la confiture nous apporte généreusement la chaleur dont le ciel nous prive.

 

Excepté quelques entorses, nous suivons la route côtière R17. Un itinéraire qui relie Steinkjer à Bodø ; quelques 670 kilomètres de route et une petite dizaine de bateaux traversant les fjords. Dès la première traversée, nous avons compris que ces bateaux allaient avoir pour nous bien plus d’intérêt que de simplement aller d'une rive à l’autre. Dans la plupart des ports se trouvent une salle d'attente chauffée et des sanitaires. De vrais petits bouts de paradis. Nous avons tôt fait de prendre nos habitudes. Lorsque nous découvrons une nouvelle salle, Olivier repère les prises électriques pour recharger le matériel électronique, je vais vérifier aux WC la température de l'eau. En fonction, celle-ci nous permettra de nous faire du café, de nous donner un brin de propreté ou de nous laver les cheveux. Nous profitons de la salle pour faire sécher nos affaires, nous réchauffer, pique-niquer, écrire… Nous nous sommes même risqués à y passer une nuit. Mais à 22h00, un employé de la compagnie maritime nous informe que les locaux doivent être fermés pour la nuit… En bons joueurs nous n'insistons pas et allons planter la tente dans un lieu que l'œil prévoyant d'Olivier avait repéré non loin.

 

«J´aurais envie d’être à la retraite pour pouvoir finir mes jours derrière cette fenêtre où le soleil chauffe...» Olivier, salle d’attente de Ågskardet.

"J'aurais envie d'être à la retraite pour pouvoir finir mes jours derrière cette fenêtre où le soleil chauffe..."

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Pour ce qui est d’Internet, c'est dans les supermarchés que nous le trouvons. Outre le fait que le wi-fi soit mis gratuitement à disposition des clients, il y a généralement un lieu pour s'installer confortablement. Au vu de leur aménagement, ces lieux semblent être au cœur de certaines habitudes sociales. Un micro-onde et une machine à café sont à disposition, une boîte de biscuits garnit parfois les tables ; les écoliers viennent y pique-niquer, certains y lisent le journal…

 

Lovund. Cette île de la province de Helgeland restera pour nous une expérience unique. Après une heure trente de bateau, où seuls quatre des quelques 250 sièges sont occupés, nous rejoignons ce tout petit coin de terre. Loin du village de pêcheurs traditionnel auquel nous nous attendions, c'est une panoplie de belles villas que nous découvrons et qui éveillent notre curiosité quant à la source de revenus des insulaires. C'est un amoureux de l’île qui répondra sans détour à la question. La plupart des habitants de l’île sont des employés de l'une des plus grandes entreprise de saumon de Norvège, dont le siège se trouve ici, à Lovund. Le sourire au coin des lèvres, il nous explique que le kilo de saumon est revendu aux grossistes deux fois plus cher que le coût de production. Dix-huit semi-remorques chargées de poisson repartiraient chaque jour de l’île. Le calcul est vite fait… Notre expérience de l’île sera pour nous non pas gastronomique, mais ornithologique et panoramique (voir texte «L´île aux oiseaux»). Et puis, nous découvrons avec une certaine naïveté le fonctionnement d'une communauté à l’écart de la société. Alors que nous nous apprêtons à prendre le bateau du retour, nous voyons un camion poubelles descendre du navire. Il vient faire sa tournée quotidienne puis reprendra le bateau pour poursuivre sa tâche sur le continent. Élémentaire.

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