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De Keelung à Chengdu

26-03-2018 15:20

Aline Guignard

Terres sauvages,

De Keelung à Chengdu

Vingt minutes à contempler l'air sévère et emprunté de la douanière, à observer les nombreux allers et retours de mon passeport dans une salle voisine...

Pour cette portion de voyage, ce ne sont pas nos muscles que les vélos échauffent mais notre optimisme.

 

De Keelung nous embarquons pour une traversée de dix heures. Débarqués au petit matin à Matsu, petite île proche de la côte chinoise mais néanmoins taïwanaise, nous devons patienter pour obtenir la confirmation qu'un bateau acceptant les vélos partira cet après-midi. A 13h00 nous pouvons bel et bien acheter nos billets. Toutefois les cartes bancaires ne sont pas acceptées. Embarquement à 13h30. J'enfourche mon vélo et me rends rapidement à l'ATM le plus proche, celui de la poste. Première carte bancaire : erreur. Deuxième carte : erreur. Troisième : erreur. Je me rends aux guichets et explique mon problème à l’employé. Son patron fait un -long- téléphone et conclu que ma banque est fermée. Peu probable puisque le problème est similaire avec les deux autres banques. Deuxième téléphone ; il s’avère que j'ai effectué une mauvaise manipulation. Retour au bancomat accompagnée cette fois par l'employé. Le problème demeure. 13h20. Un second employé propose de m'emmener à un autre ATM. Conscient de l'urgence de la situation il file en quatrième vitesse chercher la fourgonnette de la poste pendant que je rentre mon vélo dans l’établissement. Tel Fangio mon conducteur fonce sur les routes à plus de 16% pour rejoindre l'autre côté de l’île. Banque de Taïwan. Mon chauffeur explique la situation aux autres clients qui me laissent passer devant. Ça fonctionne ! Cavale folle pour le retour. Juste le temps de crier un grand merci aux employés et je me rue au port. 13h35. Je paie les tickets, nous embarquons. Fin de la première partie.

 

Au port de Fuzhou nous accédons à la douane où Olivier obtient son autorisation d’entrée sans difficulté. Quant à moi… Vingt minutes à contempler l'air sévère et emprunté de la douanière, à observer les nombreux allers et retours de mon passeport dans une salle voisine. Pas de service consulaire, dysfonctionnement de la « bande » électronique de mon document puis problème du scanner sont les quelques explications qui me sont fournies. L’exactitude du problème reste indéfini mais peu m'importe, j'obtiens finalement mon tampon d’entrée ! Fin de l'interlude.

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L’acte principal : relier Fuzhou à Chengdu. Malgré l'heure tardive de notre arrivée au centre de Fuzhou et une certaine fatigue, nous nous rendons à la gare pour acheter nos billets. Un train devrait partir le lendemain. Après quelques trente minutes d'attente nous accédons enfin au guichet où l’employé sort instantanément son smartphone. Nous nous mettons d'accord sur la destination, l’horaire, le type de sièges souhaité. Je le questionne pour les vélos : cela devrait être possible mais il faut nous renseigner auprès du service de sécurité. Billets payés, billets acquis. Au service de sécurité, la sentence est prononcée par la bouche et le regard d'une employée peu commode : les vélos ne sont pas acceptés dans les trains. Aucune négociation possible. Contrariés nous retournons au guichet pour nous faire rembourser les billets. Après avoir refusé catégoriquement de payer la taxe de remboursement, nous nous retrouvons à la case départ. Et maintenant alors ? Une jeune femme percevant notre confusion nous conseille de tenter notre chance auprès des bus longue distance où nous pourrions trouver un transport non pas jusqu’à Chengdu mais tout du moins jusqu’à Chongqing. Les guichets de la gare routière étant à cette heure-ci fermés, nous n'avons d’autre choix que de patienter jusqu’au lendemain.

 

Jour suivant. Gare routière. Olivier garde vélos et bagages, je pars en quête du sésame. Je rejoins la file d'attente. La salle n’est que bruits en résonance. Dans ce tumulte, rester zen et réussir à faire sa place ; ne pas succomber à la pression de la foule dont l'impatience devient oppressante. Il me faut des informations, coûte que coûte, quitte à mécontenter ceux qui attendent derrière moi. La réponse me fait l'effet d'un coup de sabre : impossible de mettre les vélos dans les cars ; trop grands. Mais je fais quoi alors ??? L’employée me dit qu'il me faut expédier les vélos via FedEx ou DHL. Misère. Puis oh miracle, apparaît comme par magie le conducteur du car qui s'en va à Chongqing. Il fait d'un coup chuter mon niveau d’inquiétude en disant que oui, il peut charger deux vélos dans son bus. Si la bienséance ne me retenait, je l'aurais embrassé. Ce qu'il faut imaginer, c’est que mes interlocuteurs ne parlent pas anglais et que c'est uniquement par mimiques et Google translate que nous nous faisons comprendre. Les billets sont achetés, les vélos installés. Nous avons juste le temps de faire quelques provisions et embarquons pour 27 heures et quelques 1800 kilomètres de route.

La réponse me fait l'effet d'un coup de sabre: impossible de mettre les vélos dans le car.

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A Chongqing nous hésitons. Ou nous restons une nuit dans la ville et repartons le lendemain à vélo, ou nous tentons notre chance pour trouver un car pour Chengdu qui nous accepte, nous et nos vélos. Remake du scénario de la gare routière de Fuzhou. Excepté que cette fois-ci une employée parlant un peu l’anglais est appelée en renfort et qu'elle m'annonce sans palabres que les vélos sont acceptés. En cet après-midi, deux cars sont en partance pour Chengdu. Le premier est à 14h20. Ma montre indique 15h15. Forte de notre premier séjour en Chine je suis consciente qu'il y a plusieurs fuseaux horaires en Chine ; il y a l'heure officielle, celle de Pékin, puis il y a les inofficielles qui correspondent à la réalité locale. Je demande à l’hôtesse : mais quelle heure est-il ? 14h14. Six minutes pour acheter les billets, démonter notre chargement pour le faire passer aux rayons X, le remonter pour se rendre au bus, le redémonter pour le charger dans le bus… Sans trop réfléchir je confie passeports et argent à l’hôtesse pendant que je vais rejoindre Olivier pour nous occuper des vélos. En un temps record nous nous retrouvons installés dans le bus. Chengdu, nous voici ! 300 kilomètres et l'explosion de l’ un des pneus du car plus tard, nous posons pieds dans cette ville qu’il y a peu nous ne pensions plus jamais atteindre.

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