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Des Portes des Pays-Bas à Amsterdam / 02.05.2022

04-05-2022 10:13

Aline Guignard

Cap Kayak,

Des Portes des Pays-Bas à Amsterdam / 02.05.2022

Ayant voyagé à vélo sur plusieurs années, il m'est difficile de ne pas comparer l'expérience d'aujourd'hui à celle d'hier. Et je réalise...

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Ayant voyagé à vélo sur plusieurs années, il m'est difficile de ne pas comparer l'expérience d'aujourd'hui à celle d'hier. Et je réalise, arrivant au terme de nos chemins d'eau que furent l'Aar, le Rhin puis l'Ijssel, que ceux-ci nous ont offert un univers sensoriel somme toute limité. La découverte aux Pays-Bas d'un lapin bondissant sur la rive puis d'un chevreuil paissant non loin de notre bivouac m'a fait prendre conscience que jusqu'à présent, la faune sauvage perçue le long des rives s'est résumée à l'ornithologique. La plupart du temps, les rives sont faites de minéraux et de végétaux, et si notre chemin d'eau sectionne parfois une ville, nous n'avons que très peu de visibilité sur l'urbanité qui nous entoure. Ma perception est toutefois légèrement plus vaste que celle d'Olivier, puisque généralement c'est à moi qu'incombe la tâche de m'aventurer en ville pour faire les courses. Un pommier en fleurs humé au cours d'une balade à pied me rappelle à quel point le parfum des fleurs printanières me manque. Mis à part les odeurs de quelques grosses usines allemandes et le carburant des péniches, notre expérience olfactive est des plus pauvres. En plus de leurs effluves, les grosses péniches nous saisissent de leur bruit sourd et profond, que l'on ressent plus que l'on entend. Le bruit du vent aussi est présent, lui qui s'installe comme un paravent dans nos conversations et les ponctue de « comment ? » « quoi ? » « répète !»... Avec l'arrivée à la mer, de nouvelles sensations sont attendues : l'odeur du poisson, le goût du sel, le bruit des mouettes et des vagues s'échouant sur la rive, la vue à perte d'horizon... Mais là encore, il s'agit à n'en pas douter d'une projection que la réalité saura corriger au fil des jours.

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L'Ijssel, défluent du Rhin et alternative que nous avons choisie, nous offre un courant plus faible que le fleuve, couplé à un vent digne des clichés nationaux. En arrivant à son embouchure, après avoir passé le numéro 1000 des panneaux kilométriques qui nous suivent depuis le Rhin, nous avons goûté l'eau à plusieurs reprises et nous nous sommes étonnés : pas de sel. Pourtant nous avons quitté la rivière ! L'horizon nous le certifie : plus de chemin, plus de canal, plus de rive à bâbord ni tribord ; seule la liberté de choisir notre cap. En réalité, nous sommes entrés dans une « mer » faite d'eau douce depuis que le Zuiderzee, un ancien golf de la mer du Nord, a été séparé de la grande mer en 1933 par une digue longue de 32 kilomètres. Depuis, le biotope a muté pour devenir celui d'un lac, le plus grand des Pays-Bas, rebaptisé l'Ijsselmeer. Pouvons-nous donc considérer que nous sommes arrivés en mer ou faut-il repousser d'une centaine de kilomètres cette étape significative pour nous ? Encore une fois, la réalité nous apprend qu'elle est multiple, bien loin de tout manichéisme.

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Arrivés à l'embouchure de l'Ijssel, nous observons plusieurs voiliers bifurquer devant nous et disparaître dans l'une des îles de ce « lac ». Curieux, nous suivons leurs traces et débouchons sur un magnifique et tout petit port, où les bateaux sont accueillis pour 3x24h. L'accostage n'est nullement aisé pour les kayaks mais l'effort en vaut la peine. Nous restons sur cette île la durée accordée. Olivier en profite pour réparer son bateau des éclats provoqués lors d'un accostage glissant le long du Rhin.

 

De cette île, cap vers Amsterdam, où nous sommes attendus chez des Warmshowers (réseau de cyclo-voyageurs) et où nous devons ensuite retrouver Matthieu et Tim de Paju pour une troisième session de tournage. Le long de notre itinéraire, afin de préserver les côtes, de grandes et longues digues ont été construites. Barrières contre l’érosion, contre les inondations, elles le sont également contre nous. Car impossible d'accoster auprès de ces monticules de gros rochers. Cela implique que nous devons calculer notre itinéraire quotidien en tenant compte de cette réalité : repérer sur la carte les probables zones dépourvues de construction, prévoir un pic-nic à portée de main, anticiper les zones de bivouac pour ne pas se retrouver en fin de journée emprisonnés entre mer et fatigue... Restent les imprévisibles avec lesquels il faut faire au mieux : un besoin soudain de se soulager, un vent qui forcit à en rendre la navigation difficile...

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Nous arrivons à Amsterdam en avance sur notre rendez-vous. Trouver un lieu d'hébergement répondant à nos deux impératifs, à savoir le budget et l'accessibilité en kayak, réduit considérablement l'offre. Après une journée de 34 km, distance importante maintenant que nous ne bénéficions plus des courants fluviaux, nous accostons au camping de Zeeburg situé au bord de l'eau. Après 48 jours de voyage, nous nous offrons notre deuxième douche. Mais qui dit commodités dit aussi désagréments : le voisin ronfleur, l'équipe éméchée confondant la nuit et le jour, les marteaux piqueurs au réveil... Et si Amsterdam nous accueille à bras ouverts avec ses ruelles et ses canaux, elle a aussi accueilli des millions de touristes et d'autochtones. Se déplacer dans ce tourbillon de vélos, voitures, trams, scooters et marcheurs, requière de nous une énergie folle.

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Ce séjour dans un environnement et un rythme tout à fait différents de notre quotidien de voyage nous offre un peu de recul sur ce dernier et soulève les questions qui inévitablement saisissent celui qui dessine son chemin de ses propres crayons.

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Tente pliée, bagages bouclés, combinaisons enfilées, nous sommes fins prêts à quitter le camping pour rejoindre nos hôtes, qui habitent sur l'une des îles d'Amsterdam et possèdent un lieu pour parquer nos kayaks. C'est alors que nous recevons un message de leur part ; le frère de lui est décédé de manière inattendue ce matin. Au regard de cet évènement et de celui du changement de planning avec Paju en raison d'un accident de Matthieu, nous restons silencieux face à la fragilité de la vie, de nos vies. Et au-delà de la tristesse partagée résonne le constat que bien souvent nous faisons... réalisons nos rêves aujourd'hui sans attendre demain.

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