La nutrition du husky sibérien en phase d’entraînement ou lors de compétition n’est pas une mince affaire. Si certaines pratiques dans ce domaine tendent à être adoptées par un grand nombre d’adeptes de ce sport, chaque musher développe ses propres techniques, élaborées pour certaines sur une expérience de plus de 30 ans. Le principal objectif de la nutrition contrôlée est d’amener le chien dans une condition physique et psychique optimale et de le garder dans cette dernière.
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Le poids du chien fait partie intégrante du raisonnement. L’été, à la période où le chien ne s’entraîne pas ou peu en raison de la température, il fera un poids inférieur à celui qu’il a à la période froide. Chaque chien a son poids idéal, en été comme en hiver. Si le poids d’été nous importe peu, celui d’hiver a toute son importance si l’on souhaite avoir un attelage compétitif. Le poids du chien évolue au fil des entraînements. La masse musculaire du canidé augmente rapidement et par conséquent alourdit la bête. Ceci sans pour autant que cela soit un problème. Si le ratio : nombre de kilomètres parcourus à l’entraînement est égal aux nombre de calories à ingérer, était une réalité, l’alimentation serait plus une tâche qu’une science.
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Un grand nombre de facteurs influence la quantité de nourriture que doit ingérer le chien. Quantité nécessaire pour atteindre la puissance requise afin de réaliser des étapes supérieures à 100 kilomètres par jour. Les facteurs intrinsèques sont nombreux. Le husky, tout comme l’homme, n’est pas morphologiquement identique à ses paires. Dans notre meute, composée entièrement de huskys sibériens, les chiens les plus lourds ont une masse corporelle supérieure de 35% par rapport aux plus légers. Cette différence a naturellement un impact sur le besoin en calories du chien. Le genre de l’animal va également être un facteur prépondérant. Le mâle castré, qui généralement est plus calme suite à la stérilisation, va engranger plus rapidement des réserves qu’un non castré. L’âge de l’animal ainsi que son caractère (calme, agité) influence la dépense énergétique et donc le besoin en calories. Un chien en état de stress, dû par exemple à un déplacement ou à l’arrivée de nouveaux handleurs, a tendance à avoir besoin de  manger plus. La nourriture fonctionne, pour le chien comme pour l’humain, comme évacuateur de stress. Durant ces périodes, certains chiens adoptent un comportement contraire pouvant, si on n’y prête pas attention, mettre leur santé en danger en raison de sous-alimentation.
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Les facteurs extrinsèques, souvent non maîtrisables par le handleur, rendent l’équation quasi irrésolvable. De ce fait, le handleur doit agir entre science et feeling. Les températures négatives, qu’elles soient présentes lors de l’entraînement ou lors du repos, influencent grandement la dépense en calories. Les facteurs suivant affectent également le besoin en nourriture. Les virus, généralement d’ordre intestinal, provoquant parfois des épidémies lors de rassemblements canins. La diarrhée chez le chien affecte l’animal de la même manière que chez l’homme : déshydratation, perte d’appétit et de poids. La lassitude due à un entraînement peu varié au niveau du choix des pistes et du nombre de kilomètres diminue l’entrain et donc la dépense en calorie. Les blessures occasionnées par l’effort, telles que les gerçures aux coussinets, forcent le chien à un temps de repos et demandent un rééquilibrage de la quantité d’aliments à donner. Une femelle en chaleur qui excite la meute provoque une « perte » d’énergie chez ses paires qu’il faut combler par un apport supplémentaire en calories.
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Dans l’alimentation, si le nombre de calories a toute son importance, les nutriments que la nourriture contient est également un enjeu de taille. La quantité de graisse, élément vital pour lutter contre le froid et la faible quantité en céréales sont des critères d’importance pour que le chien puisse tirer un maximum du contenu de sa gamelle. Tout sportif le sait, l’hydratation est à la base du résultat sportif. Mais si un athlète consciencieux s’hydrate en suffisance, le husky est comme l’âne. Difficile à faire boire s’il n’a pas soif. Il faut donc ruser et l’hydrater indirectement au travers de sa nourriture : soupe à la viande crue, bircher de croquettes à la viande crue et à l’eau.
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L’alimentation contrôlée du chien de traîneau est naturellement bien plus complexe que l’approche proposée dans ce texte. Bien d’autres aspects tels que la fréquence des repas et leur distribution au sein d’un planning d’entraînement sont des critères d’importance pour offrir au canidé une santé optimale. Ceci afin d’offrir au chien l’endurance, la force physique et psychique nécessaires pour se lancer dans cette aventure qu’est la course de chiens de traîneau.
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