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Extrait du carnet de voyage / Nuit dans le vent

15-03-2018 18:27

Aline Guignard

Terres sauvages,

Extrait du carnet de voyage / Nuit dans le vent

Ce n'est cette fois-ci pas la marée qui nous a fait plier mais bien la force d'un vent endiablé...

Nuit de lutte contre les éléments. Nuit de faiblesse face au vent.

 

Humilité, résignation.

 

Ce n'est cette fois-ci pas la marée qui nous a fait plier mais bien la force d'un vent endiablé.

 

3124 mètres d'altitude. Nous sommes à deux kilomètres du col le plus élevé de Taïwan. Nous nous le réservons pour le lendemain en espérant avoir la vue sur les paysages dont la brume actuelle nous prive. Petit parking, bâtiment borgne, avant toit que l'on pense être salvateur en cas de pluie : notre lieu de campement. Nous montons la tente vers 17h30, alors que le parking est vide et que la luminosité faiblit. Lorsque nous sommes installés, l'obscurité est telle qu'il ne nous reste plus qu'à s'en remettre aux bienfaits du sommeil. Il est à peine 18h30, une heure qui nous est familière pour nous endormir puisque nous avons calqué notre rythme à celui du soleil. Mais pour une fois, le sommeil ne vient pas. Des vagues de vent viennent heurter notre tente, amenant avec elles des rideaux de pluie qui font fi de notre avant-toit. Salve après salve, l’inquiétude grandit. La pluie chassée commence à s'infiltrer là où dort Olivier. Nous avons monté la tente sur un sol bétonné et avons dû faire preuve d’inventivité pour néanmoins l'arrimer. En brave homme de terrain il se rhabille à deux reprises et affronte l'intempérie pour aller consolider les points d'ancrage. Si la pluie semble avoir cessé vers minuit, le vent ne s'en montre que plus rebelle. De l'intérieur Olivier maintient l’arceau mis le plus à rude épreuve. Entre deux assauts, quelques minutes de répit, de sommeil peut-être ? Nous n'en sommes pas certains. A trois heures du matin, le vent déclare une guerre aux forces inégales. Jamais la tente n'a été soumise à une telle violence. Ou nous plions ou nous risquons la déchirure. Nous capitulons. Méthodiquement, nous nous organisons. A force, nous savons comment fonctionner efficacement. Olivier donne les ordres, j’exécute. L'un maintient l’arceau critique pendant que l'autre s'habille et range sa couche. Puis nous alternons. Olivier sort ensuite maintenir la tente de l'extérieur, je finis de ranger l'intérieur. Toutes affaires doivent être réduites dans les sacoches au risque de les voir s'envoler. D’autant plus que la brume est encore plus dense qu'hier soir. Le pliage de la tente requiert stratégie et timing adéquat ; ne pas enlever les fixations au sol trop tôt mais les enlever au fur et à mesure de l'enroulement de la toile. Une fois toutes nos affaires en sécurité sur nos vélos, nous pouvons -enfin- réfugier nos mains glacées dans nos gants. Non loin, nous le savons, se trouve une station touristique. Nous trouvons refuge dans les toilettes publiques; un lieu banal qui se révèle être une véritable aubaine pour nous en ce matin de mars. Le panneau lumineux du restaurant en face de nous indique 16.03.18 \ 4h19 \ 1,2°C. Il ne nous reste plus qu'à attendre que le jour se lève et que la brume se dissipe…

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Taïwan a une superficie 20% plus petite que la Suisse et compte 23,5 millions d'habitants.

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