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C'est la mer qui prend l'homme

13-04-2017 16:04

Aline Guignard

Voyage inachevé 2017,

C'est la mer qui prend l'homme

Naufrage ! Olivier, réveille-toi ! Nous sommes inondés ! Il faut bouger, vite ! La lampe frontale nous apprend l'étendue des dégâts...

Norvège

Nous elle nous a pris un mercredi minuit. Nous pourrions presque avoir honte de narrer cette aventure. Deux années d’expérience de camping, tout de même ! Quand bien même, cela n'aura suffi. Preuve est donc faite, si toutefois il en fallait une, que nous ne pouvons nous endormir sur nos lauriers et que la nature est là pour nous rappeler l’humilité.

 

Hier soir, confortablement installé dans son sac de couchage, Olivier écrivait un texte sur la gestion du froid et de l'humidité. Peut-être les éléments trouvaient-ils ce texte incomplet et ont-ils décidé de nous instruire. Contents de rejoindre la mer et un paysage aux allures plus printanières qu'hivernales, bien que les températures n'aient toujours pas opté pour la saison officielle, nous plantons la tente sur les rives de ce qui nous semble être une rivière. Autour de nous un nombre impressionnant d’oies viennent et s'en vont, comme autant de vagues sonores. Même en pleine nuit leur manège stratégique se poursuit, ne laissant que peu de répit au sommeil. Alors que l'obscurité est totale et que pour la énième fois je me retourne, une sensation de flottement m’envahit. Tiens, je n’avais jamais remarqué à quel point les mouvements d'Olivier sur son matelas se répercutaient sur le mien. Mi-éveil mi-sommeil, je n'y prête guère plus d'attention. Mais lorsque le sentiment de naviguer en haute mer me vient à l’esprit, je risque timidement un doigt hors de mon sac. A la recherche du sol, il le trouve après avoir bravé quelques cinq centimètres d'eau. Les neurones transmettent l'info à mon cerveau qui enfin percute. Naufrage ! Olivier, réveille-toi ! Nous sommes inondés ! Il faut bouger, vite ! La lampe frontale nous apprend l'étendue des dégâts. Tels deux radeaux d’infortune, nos matelas flottent réellement sur l'eau, tout comme ce qui s'y trouve autour. Par chance, nos sacs de couchage sont pour ainsi dire épargnés. Dans l'abside, les sacoches se dandinent nonchalamment au gré des mouvements de l'eau. Nos vieilles sacoches que nous pensions étanches révèlent leur faille : elles ont perfidement laissé l'eau s’infiltrer par le fond.

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Après avoir sondé les eaux pour s'assurer que rien n'a été oublié, nous déplaçons la tente.

Ce qui n’était pas empaqueté se retrouve éparpillé dans ce qui est devenu une piscine. La veille, nous avions pris grand soin de coucher nos Moon Boots pour éviter que la condensation ne goutte dedans. Les voilà donc inondées. Nous enlevons la doublure interne gorgée d'eau et enfilons nos pieds nus dans ce plastique frigorifique. Agir vite mais agir prudemment pour ne pas tremper ce qu'il nous reste de sec. Olivier est le premier à se jeter à l'eau et part s’enquérir d'un lieu de repli. En l'attendant je maintiens nos sacs de couchage sur mon embarcation. Qu'ils soient secs est capital car sans possibilité de se réchauffer, les conséquences pourraient être fâcheuses. Puis nous transférons nos affaires les unes après les autres. Ne pas réfléchir à l'après. Ne pas penser aux pieds nus dans les bottes qui se remplissent d'eau glacée et qui perdent petit à petit de leur sensibilité. Ni aux mains qui suivent le même chemin. Se focaliser sur l’action uniquement. Après avoir sondé les eaux pour s'assurer que rien n'a été oublié, nous déplaçons la tente. Pour cela, Olivier s'attaque à la pêche à la sardine, dans une eau noire et glaciale. Les localiser, les attraper et surtout ne pas les laisser filer entre les doigts. Finalement nous remontons la tente au sec. Les affaires trempées ont immédiatement gelé une fois hors de l'eau. Olivier me fera remarquer qu'alors que nous déménagions, la marée déjà se retirait, laissant derrière elle une fine pellicule gelant instantanément et drapant le sol d'un duvet blanc. Pour ma part je n'ai rien vu, ou peut-être ai-je omis de voir, préférant éviter tout ce qui visuellement renforcerait le froid ressenti. Lorsqu'enfin nous sommes à nouveau installés, la marée a déjà quitté notre emplacement initial. Aurions-nous mieux fait d'attendre sur place ? Peu importe, la question n’est plus à l'ordre du jour. Il nous faut nous mettre au sec et au chaud. Il est trois heures du matin. Les heures avant le lever du jour et l'espoir d'un soleil réchauffant sont longues… Avant de nous rendormir, nous ne pouvons nous retenir d’échanger un sourire… nous nous sommes fait avoir comme des bleus !

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