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De Pudasjärvi à Juankoski

03-06-2017 18:19

Aline Guignard

Voyage inachevé 2017,

De Pudasjärvi à Juankoski

En se dirigeant à l'Est du pays, nous savions que nous entrions sur le territoire de l'ours. De l'ours brun...

Finlande

De la forêt et du calme, nous en avons trouvé, à ne plus savoir qu'en faire. Y rouler, des heures durant, mais s'y arrêter également. Et prendre le temps. D'écouter les oiseaux chanter, le vent froisser les cimes, les oies nous survoler. De bouquiner, d'écrire, de photographier et de cuisiner.

 

En se dirigeant à l'Est du pays, nous savions que nous entrions sur le territoire de l'ours. De l'ours brun et non du grizzly comme certains prospectus aiment à le nommer. Avant de pouvoir nous renseigner précisément sur les us et coutumes de ces omnivores fraîchement réveillés, nous avons commencé par éloigner la nourriture de notre tente pour la nuit. A Suomossalmi, nous avons questionné l'employée de l’Office du tourisme. 

 

- Est-ce qu'il est dangereux de planter sa tente dans la forêt, à cause des ours ?

- Ouiiiii ! nous répond-elle, un sourire radieux illuminant son visage, assombrissant le mien par la même occasion.

- Mais c'est dangereux… vraiment dangereux ?? l’interroge-je pensant déjà aux complications relatives aux nuits à venir.

- Oui oui oui, trois fois oui ! N'importe où, il n'y a pas d'endroits spéciaux. 

Et ce fichu sourire de persister.

La dichotomie entre le langage verbal et non verbal est trop flagrante.

- Vous voulez dire… on peut planter sa tente n'importe où, c'est bien ça ?

- Oui, tout à fait.

- OK. Mais qu'en est-il des ours alors, c'est dangereux ?

- Oh ! Ah ! dit-elle d’un air surpris, se rendant compte du quiproquo. Mais noooon, pas du tout ! continue-t-elle sur une note indulgente, réalisant avoir affaire à des novices.

 

C'est avec le même air, un mélange de bienveillance et d’amusement, que nous répond un garde-frontière. Les ours fuient les campements, car ils sont chassés par l’homme en automne. Paradoxalement, ils sont nourris à certains endroits, là où le touriste, moyennant une coquette somme, est invité à les observer. Avec un sourire à peine dissimulé, notre officier nous dit : « Les ours dorment en Russie et viennent se nourrir en Finlande. » L’animal a ce droit que l'homme n'a pas. Ce libre passage pour la faune peut sembler évident, mais il est le fruit d'une relativement récente collaboration binationale établie dans le but de préserver une nature et son fonctionnement primitif. Bref, nous voilà rassurés. Nous ne manquerons toutefois pas de remarquer que dans cette région, les poubelles extérieures sont enfermées dans des maisonnettes en bois…

 

Si l'histoire des ours transfrontaliers est amusante, elle n'en est pas moins un clin d'œil abrasif à l'Histoire. Histoire de peur, de guerre, de patriotisme, de valeur. Une histoire de souffrance et de vies scarifiées.  Nous parcourons la Raatentie, route reliant Suomossalmi à Raate, petit village à la frontière finno-russe. Un tronçon-clé dans la guerre d'hiver de 1939-1940. En commémoration à cet événement décisif pour la nation finlandaise, ce sont quelques 600 marcheurs et cyclistes qui parcourent cette route au même moment que nous, en sens inverse. Nous qui pensions évoluer dans une région reculée et pour ainsi dire non peuplée, nous pédalons à contre-courant de cette foule dont le sourire atteste que oui, les années ont passé. 

 

Néanmoins, la région que nous traversons est réellement peu habitée. Nous avons tôt fait de comprendre que les points indiqués sur notre carte correspondent pour la plupart à un groupement de quelques maisons et qu'il ne faut pas compter s'y ravitailler. Nous portons ainsi généralement pour trois jours de nourriture. Concernant l'eau, c'est toujours avec amabilité que je suis reçue par les personnes chez qui je vais en demander. Croire que tous les Finlandais parlent anglais est un leurre ; et ceci quelle que soit la génération. Mais nul besoin d'une langue commune lorsque je débarque les bras chargés de mes gourdes, la mine interrogatrice. 

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Une question nous taraude. Serait-il possible que nous soyons poursuivis par l'hiver ?

Parlons météo. Une question nous taraude. Serait-il possible que nous soyons poursuivis par l'hiver ? Loin de nous la prétention de penser avoir un tel pouvoir. Mais voir le sol blanchir de neige, devoir se protéger d’averses de grêle, se réveiller dans une tente gelée et accuser un zéro degré en journée, un premier juin, n'est pas chose commune ! Quoi qu’il en soit, nous n’avons nul autre choix que de nous adapter à ces conditions. Une journée de précipitations ? Nous restons dans la tente et trouvons de quoi nous occuper. Une fin de journée stable ? Nous élargissons le champ des possibles en matière de cuisine-au-réchaud : fondue au fromage, cuisses de dames, beignets… Malgré tout, notre horloge biologique nous presse d'aller à la rencontre d'un climat plus doux. De quitter cette tension latente, laisser derrière nous la posture de celui qui a froid, celle des jeunes pousses de fougères enroulées sur elles-mêmes dans l'attente de la chaleur pour s'épanouir. 

 

Raija et Hannu, un couple chez qui nous avons séjourné, nous avaient donné un tuyau. Les bibliothèques, «kirjasto» en finnois, sont des lieux ouverts au public où l'on peut rester aussi longtemps que les heures d'ouverture le permettent. Un lieu au sec et au chaud, où ordinateurs et wi-fi sont mis gratuitement à disposition. Les bibliothèques sont en outre faciles à trouver, car généralement indiquées par des panneaux routiers. Conseil que nous saurons exploiter.

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L’adage dit « qui veut aller loin ménage sa monture ». Malgré les avertissements d'Olivier, je n'ai pas suffisamment ménagé la mienne. L'un des points d'ancrage de mon porte-bagage avant se casse. Trop de poids vraisemblablement. Résolue à renvoyer en Suisse mon superflu, le prix des colis me coupe dans mon élan. Alors je me déleste au compte-gouttes de ce qui peut l’être. Ainsi, un pincement au cœur, je me sépare de mes vieilles yéti. Mais sur le molok où je dépose mes fidèles bottes, je trouve un ananas en pleine forme. Il m'attendait. Ni une ni deux, je le sangle sur mon porte-bagage arrière. Ma foi, il n'est pas encore mûr. Ce kilo gastronomique y restera donc quelques jours. Et si le soleil fait son travail, alors c'est avec plaisir que j'allégerai mon vélo.

"Il est toujours étonnant de voir à quel point la malhonnêteté, et donc le vol, est associée à la pauvreté. Et ceci malgré le fait que depuis des décennies, les plus riches d´entre nous pillent notre planète." OF

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