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De Sangxi à Keelung

22-03-2018 19:36

Aline Guignard

Terres sauvages,

De Sangxi à Keelung

Olivier me sort de mes sombres pérégrinations en me posant la main sur l'épaule, un sourire jusqu'aux oreilles, avec un aplomb qui laisse présager le meilleur.

On nous a parfois dit que nos récits étaient trop fleurs bleues, trop roses. Derrière ces remarques, nous sentons pointer le doute de l'omission. Relater nos aventures de ces derniers jours ne ferait que renforcer cette impression que peut-être nous fabulons. Et pourtant... Le taire par crainte d'excès de positivisme serait à mon sens une erreur. Car oui, la vie peut-être incroyable. Car oui, une fois encore, elle nous prouve que tout peut arriver, et surtout l'imprévu. 

 

Nous quittons Wen-Wei et Joyee par un temps mitigé qui, au fil de la journée, nous révèle sa vraie nature : pluie et vent de face avec des pics à 50 km/heure. Non loin du phare de Santiago, Olivier nous trouve un logement inespéré dans ces conditions. Un trois pièces avec toilettes, chambre à l'étage et vue sur l'océan. Certes abandonné, mais absolument parfait pour faire un pied de nez à l'intempérie. Le lendemain,  nous arrivons à Keelung à 14h00, avec la fervente croyance de prendre le bateau le soir-même. Mais au terminal passagers du port, nous apprenons qu'aucun bateau ne prendra la mer ce soir, celle-ci étant trop agitée. Ca y est, me dis-je, il fallait bien qu'un pépin arrive, tout de même. Nous nous rendons à l'office du tourisme pour avoir confirmation de cette information. Les quatre employés ne parlent pas anglais. Néanmoins, après quelques coups de téléphone et une série de mimes, confirmation nous est donnée. Il nous faut donc trouver un lieu pour dormir, hors de cette importante agglomération. Je tente une recherche sur warmshower. Mince, le plus proche est bien loin... Olivier me sort de mes sombres pérégrinations en me posant la main sur l'épaule, un sourire jusqu'aux oreilles, avec un aplomb qui laisse présager le meilleur. "Viens Aline, j'ai un plan B." La roue de secours, c'est Irène et Joël, un couple de cyclo-voyageurs français proche de la retraite, qui ont été intrigués par nos vélos. Ils louent un grand appartement ici même à Keelung pour quelques nuits et nous invitent donc "chez eux". Rendez-vous est pris pour le soir. Peu après je reçois un message de Chang, l'un des bienfaiteurs d'Olivier, rencontré au temple lorsqu'il était malade. Sachant que nous prenions le bateau à Keelung et habitant la ville, il nous invite à souper. Décrire ce que l'on ressent devant une telle mise en scène de la vie est difficile. Aucun mot ne peut résumer ce mélange d'émotions. A vrai dire, tant de petits miracles en si peu de temps me font un effet inattendu. Ne devrais-je pas ressentir la légèreté d'un problème résolu ? Au contraire, mon corps tout entier frissonne; mes jambes fléchissent sous le poids de cette interrogation : comment cela est-il possible ?

Au contraire, mon corps tout entier frissonne; mes jambes fléchissent sous le poids de cette interrogation.

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Le soir, nous retrouvons comme convenu Irène et Joël, qui nous emmènent à leur splendide appartement. De cet instant jusqu'au lendemain 17h30, seule la nuit viendra interrompre le tourbillon d'anecdotes, expériences, récits, informations et rires que nous échangeons avec enthousiasme. A discuter de la sorte, en français, assis dans leur salon, nous oublions un instant où nous sommes, petite bulle hors du temps et de l'espace.

 

Le lendemain, à 17h30, heure de rendez-vous avec Chang, je me retrouve sans vraiment comprendre ce qui m'arrive assise dans une voiture, emmenée dans une petite ruelle de la ville puis installée à la table d'une grande salle encore vide. Olivier et Chang, qui ont fait le trajet à vélo, nous rejoignent. Nous nous retrouvons à six autour d'une table ronde équipée en son centre d'un plateau rotatif. Alors commence le bal des plats. Ils arrivent l'un après l'autre, tous plus beaux et savoureux les uns que les autres. Gambas, bœuf sauté, testicules de poisson, concombre de mer, sashimi, beignets d'anguille, bière locale, lait de soja... Nous repartons avec en sus un cornet de victuailles pour notre trajet en bateau. 

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Au port, nos amis nous aident à nous procurer les billets. Nous voulons acheter des places assises, car meilleur marché que les couchettes. Mais il nous faut attendre que tous les lits soient vendus avant que les sièges soient mis en vente. Je vois Chang parlementer avec le guichetier. Je devine qu'il lui explique que nous effectuons un voyage au long court à vélo. Finalement je crois comprendre que l'employer obtempère. Billets en poche, nous allons attacher nos vélos dans la cale. Mon regard a cependant perçu un détail intrigant. Le prix indiqué sur notre billet n'est pas identique à celui que nous avons payé... Je demande à notre ami : dis-moi, as-tu payé quelque chose ? Il nous répond, avec un sourire malicieux : un lit vous attend sur le bateau. Que dire... 

 

Nos amis nous disent encore : si vous revenez à Taïwan, vous êtes les bienvenus chez nous. Le cœur lourd et les yeux chargés, nous les remercions. Nous nous installons, Olivier et moi, dans la grande salle d'attente du port, muets par la démesure des belles choses qui se sont présentées à nous ces derniers jours. 

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