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Les forêts d'Europe

17-02-2023 11:54

Olivier Forney

Cap Kayak,

Les forêts d'Europe

C’est dans les régions où les chaînes montagneuses sont orientées d’est en ouest que l’extinction a été la plus prononcée. Dans notre hémisphère...

Texte paru dans Le Vagabond N°3

La forêt a vu le jour il y a plus de 300 millions d’années. A ses débuts, elle était composée de plantes non ligneuses comme les fougères arborescentes. Ces dernières pouvaient atteindre une taille de trente mètres, soit celle d’un chêne actuel. 100 millions d’années plus tard, les premiers arbres voient le jour et sont représentés par des conifères, des ifs et des espèces proches du ginko biloba. Ce n’est que 100 millions d’années - encore - plus tard que les premiers hêtres et figuiers voient le jour. A cette période, d’immenses forêts recouvrent le globe et se composent d’une grande diversité d’espèces. Les périodes glaciaires qu’a connues notre planète sont l’un des facteurs qui a réduit le nombre d’espèces ligneuses européennes aux 454 recensées en 2020. C’est dans les régions où les chaînes montagneuses sont orientées d’est en ouest que l’extinction a été la plus prononcée. Dans notre hémisphère, où l’extension des glaciers s’est produite du nord vers le sud avec lenteur, les forêts boréales ont pu, dans un premier temps et progressivement, migrer vers le sud. Migration qui s’est vue stoppée par des chaînes montagneuses telles que les Alpes. Trop élevées pour qu’une vie forestière s’y développe, les forêts n’ont pu franchir ces obstacles naturels. En Amérique du nord, là où la chaîne des Rocheuses est orientée du nord au sud, l’impact de ces aires géologiques a été moindre et les forêts actuelles sont plus ressemblantes aux forêts du Pléistocène que celles présentes sur le vieux continent.

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Les fijels de la province du Dalarna en Suède sont trop élevés pour que la forêt y pousse.

De nos jours, les forêts d’Europe comptent une centaine d’espèces d’arbres. Quatre feuillus (hêtre, chêne, frêne, érable sycomore) et quatre résineux (sapin blanc, épicéa, pin sylvestre, mélèze) couvrent 90% du sol forestier actuel. La représentation des espèces sur le territoire provient de conséquences environnementales telles que la pluviométrie, la richesse des sols ou la température, mais également de l’action de l’homme. Le chêne a été longtemps privilégié pour son bois utilisé dans les constructions navales entre autres, mais également pour ses glands qui servaient de fourrage aux porcs. De son côté, l’if a presque totalement disparu d’Europe tant son bois était prisé pour la fabrication des arcs. Les graines de son fruit, toxiques pour le bétail, n’ont pas non plus joué en la faveur d’un reboisement d’importance.
En ce début de siècle, en Europe, la superficie de la forêt progresse de 0,5% par an. Mais la surface n’est pas le seul critère dont il faut tenir compte pour connaître la « valeur » d’une région forestière. Une forêt uniforme, sans clairière et dotée de peu de lisières, contiendra un nombre réduit d’espèces d’arbres, d’arbustes et d’animaux. Une forêt monotone tant dans son intérêt biotopique que de sa plaisance. Pour le voyageur au long cours, tout comme pour les amoureux de la Nature, la forêt est un espace salutaire. La température y est plus régulière. Havre de fraîcheur en été, elle est légèrement plus tempérée en hiver que les zones non boisées avoisinantes. Les lisières et clairières riches en arbustes, plantes et fleurs sont de véritables pharmacies et garde-manger pour les connaisseurs. La forêt est, pour Aline et moi-même, notre lieu de prédilection pour le bivouac. Mais y bivouaquer c’est avant tout la respecter, la préserver. Si l’Homme a besoin de la forêt pour vivre (exploitation du bois, zones de loisirs...), la réciproque, elle, n’est pas nécessaire./OF

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