En février dernier, un journaliste du quotidien du comté de Gotland est venu « chez nous » pour nous interviewer, curieux d'en savoir plus sur la présence de deux vagabonds suisses sur une île au coeur de la Baltique. Ce fut pour nous l'occasion de parler de notre projet Cap Kayak mais également de notre mode de vie atypique. En fin d'interview, le journaliste nous a posé cette question, celle qui échoue dans la triste réalité depuis longtemps constatée, relevant de l'attachement que porte l'Homme à la part obscure d'un récit. Comme si cette quête du bémol rassure quant à une forme de justice ou d’équilibre entre le bien et le mal. Comme si le trop plein de positif était vertigineux, ou alors, je préfère n'y croire mais le soupçonne, trop fade pour la plupart... « Durant votre tour du monde à vélo, y a-t-il une mésaventure particulière qui vous est arrivée ? » Alors comment répondre à cette question en respectant notre conviction que mettre en lumière les quelques évènements négatifs de nos voyages au détriment de tout le positif qui nous a portés n'a pas lieu d'être ? Olivier a trouvé la réponse. Celle qui habilement répond à la demande tout en emmenant l'auditeur dans une autre direction. Ainsi évoque-t-il une nuit de bivouac dans les forêts tropicales du Teraï. Nous y avions planté la tente et dormi d’un sommeil taquiné par les hurlements des singes postés à côté de notre toile. Quelques jours plus tard, nous apprenions que ces cris correspondaient au signalement d'alarme émis pour informer les membres du groupe de la présence menaçante de tigres. Certes un évènement qui aurait pu mal se terminer, mais qui, subtilement raconté, invite l'auditoire à un plongeon dans la nature népalaise et au coeur de notre vie de nomade.
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Satisfait de cette réponse, le journaliste a relayé cette anecdote dans l'article qu'il a ensuite rédigé. Et c'est grâce à ce dernier que nous avons rencontré Sebastian Meyer. Cet Allemand de 42 ans a immigré avec sa femme et sa fille sur l'île de Gotland, il y a maintenant cinq ans. Il a décidé en cette année 2023 d'enfin réaliser un voyage auquel il rêve depuis son adolescence : partir à vélo depuis la maison et rejoindre le Népal. Le jour où l'article nous concernant est sorti, soit le vendredi 17 février, nous recevons un message de sa part, nous demandant si l'on peut se rencontrer le mardi suivant, soit l'avant-veille de son départ. Il a lu l'anecdote du tigre et il se dit que peut-être avons-nous quelques conseils à lui donner. Ainsi nous nous sommes retrouvés à Klintehamn pour discuter, assis devant un atlas à la vieillesse assurée et un bol de soupe philippine préparée par Wilma. Il semble qu'il s'en soit reparti avec l'objet de sa quête, de quoi étayer son rêve de faisabilité mais aussi d'en élargir l'arbre des possibles. Car lorsque l'on discute entre voyageurs, celui-ci n'en est que rarement à l'état de sécheresse et au contraire bourgeonne allégrement à tous vents.
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Alors, qui sait où ce souffle d'aventure le mènera-t-il ? / AG
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Si vous voulez en savoir plus sur son projet, Sebastian tient un journal de bord sur la page suivante : https://gofund.me/c5d58daf
Photos tirées du carnet de bord de Sebastian.
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